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C'était sous le soleil voilé du Stade des Loups qu'avait eu lieu la rencontre entre l'équipe du Nord de la Jungle et des Immortels de Ka Sabar. La situation idéale du stade incita le public à venir en masse, et ce furent 16 000 spectateurs répartis équitablement sur les tribunes qui assistèrent au match. La foule acclama les deux équipes qui gagnèrent le terrain, toutes deux commençant la saison sur les chapeaux de roues. La pièce fut lancée, et l'équipe de la Jungle choisit la réception en cette première mi-temps.

Le ballon traversa le terrain sans encombre, si ce n'est qu'une légère brise le fit tout aussi légèrement dévier. L'offensive des nordiques se mit en place dans toute sa subtilité, la ligne squelettique fut mise à mal. Même si l'attaque avait l'avantage physique, elle ne parvenait pas à concrétiser son assise immédiatement. La sagacité des singes les incitait à patienter : ils savaient qu'ils n'avait besoin que d'une ouverture pour piéger la défense. C'est finalement après une âpre lutte au centre, dans laquelle s'étaient englués les Gardiens des Tombes, que la vitesse simiesque s'avéra cruciale : le ballon circulant de main en main, l'attaque pénètra le territoire adverse en ne rencontrant que la faible résistance des arrières khemri. Ceux-ci, cependant, parvinrent à ralentir assez l'offensive éclaire pour que du soutien arrive : le rapport de force s'inversa quand un singe fut envoyé au tapis, la tête ayant visiblement heurté autre chose que le gazon. En revanche, sur la ligne d'engagement abandonnée par les Immortels, les joueurs squelettiques se retrouvèrent en infériorité numérique. Pour le spectacle, les pachydermes menés par Éléfanto exécutèrent alors une démonstration de leur technique de plaquage. Le son sec des ligaments déchirés attira même le regard des spectateurs dont l'attention était restée focalisée sur la balle, et c'est donc avec surprise que le public vit les joueurs se retirer du terrain, constatant qu'un TD avait été inscrit durant leur incartade d'attention.
Les équipes regagnèrent la pelouse. Cette fois ci, le ballon fut botté avec une grande imprécision, et le vent, qui avait été innocent lors du premier coup d'envoi, fit sortir la balle du terrain. Elle fut remise en jeu dans les mains de l'unique porteur squelettique prêt pour cette fin de mi-temps, l'autre ayant malencontreusement attiré la brutalité de son adversaire dans un premier temps, puis de la foule par la suite. Mais les Immortels ne profitèrent pas du bon présage de la remise en jeu, et s'obstinèrent à protéger le cuir face à un adversaire qui comptais retourner aux vestiaires avec une avance d'un point.

Déçus par cette fin de première mi-temps peu mouvementée, les coaches firent savoir à leurs joueurs que « se la couler douce et se tourner les pouces » n'était pas une attitude acceptable à un tel stade du jeu. Revigorés par tant de verve, la violence s'était de nouveau emparée des athlètes. Le ballon était contrôlé par les Immortels et ceux-ci tentèrent de l'avancer, mais très vite, un squelette perdit la notion d'intégrité physique sous la charge du #3, Rino, sauvage colosse qui aura durant toute la durée du match prouvé sa supériorité musculaire. Les restes désormais inanimés du joueur étaient dispersés çà et là, et un jeune spectateur parvint à subtiliser la mâchoire millénaire, futile souvenir de l'ex-joueur. Sur le terrain, les coups pleuvaient, les corps se percutaient à pleine vitesse, mais c'est Ka Sabar, agissant comme un seul homme, qui dominait la bataille : de nombreux adversaires qui s'étaient frayés un chemin auprès du porteur du ballon s'effondrèrent sous les blocages violents des Gardiens et des Blitz-Ras. Les supporters de l'équipe de bronze hurlaient à pleins poumons, et jubilaient de voir autant de corps inconscients joncher la fosse de la Jungle. La masse monolithique des Immortels, lente et méthodique, balayait toute résistance hors de son trajet, marchant droit vers le terrain adverse. Même le capitaine des Norje, quelque peu désorienté par la tournure que prenait la rencontre, fut évacué (avec grand'peine) du terrain, ayant perdu connaissance suite à un blocage très physique. En dépit de cette hécatombe, l'entraîneur nordique ne broncha pas, allant jusqu'à refuser de soigner les joueurs qui s'entassaient sur les bords du terrain. Les Immortels, désormais en supériorité numérique écrasante, avancèrent sans difficulté le ballon jusqu'à l'en-but adverse.
Suite à l'égalisation, il restait très peu de temps à jouer. De nouveau, la ligne khemri fut mise au sol assez sèchement, sans conséquence.