- FLUSHAncien de la meute
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[RP]Lettre de Louis le XIVeme à la Ruzig
Sam Sep 17 2016, 14:58
Mademoiselle de Rohan Léon,
Que ne sommes né second de fratrie, simple nobliau, ou même bourgeois!
Ô! Doulce Aimée!
Notre Mère persiste à nous ordonner avec force redoublée de prendre prestement pour épouse notre cousine Marie Thérèse, sous peine de quoi elle prédit grand dommage pour le Royaume. Ah! Quel malheur! Le goutteux cardinal Mazarin que nous avions sur vos conseils derechef fait mander pour lui faire savoir notre grand mécontentement, n'a d'autres propos que ceux de notre Mère, et lorsque nous dénonçons que nous ne pouvons nous unir à l'Infante, notre directe et germaine cousine, sans encourir la juste désapprobation du Très Haut, il nous dit simplement qu'en celle affaire, à mieux vault mécontenter un très court temps Dieu lui-même qu'un plus long temps le Très Saint Père... Et de lui, il nous précise avoir obtenu bulle papale levant tout interdict pour cel mariage contre nature!!!
Doulce, doulce amie! Notre coeur est anéanti par notre désespoir ains le courroux qui est vôtre...
Nous nous voyons sans espoir, prisonnier du destin cruel qui nous éleva au trône, plutôt que de nous jeter en vos bras...
Ô! Que nous comprenons que, lorsque nous vous apprîmes que les intentions de Mère se refusaient aux nôtres, si fâchée de nous, vous nous soufflâtes si rudement que nous en portons encore la trace ce jour d'hui... Mais toute Rohan que vous soyez, et si nioble la lignée des Mériadec est, notre mère s'en voulait pour nous une fille de roy des mieux pourvue en dote et en promesse de paix... Savez vous qu'elle vous appelle "Chimère", ou quelquefois "l'Oubliez-la".... Ah! Quel malheur elle ne puisse ressentir pour nous que le cent de ce que nous ressentons pour vous! Comme nous, elle se prosternerait à vos pieds par fin d'être assurée que vous ne nous quittiez pour un autre...
Ah! Belle enfant!
Comme nous regrettons nous être emporté quand vous nous rudoyâtes si vertement et qu'au soufflet mérité que vous nous appliquâtes, vous ajoutâtes vouloir céans nous escouiller... Nous persistons en la croyance que vous n'aviez nul droyct à nous menacer de votre dague les parties, ce n'est d'usage en aucune cour, ni l'us d'aucun pays que la maîtresse châtre son Roy, et ce aurait pu, Mademoiselle, vous conduire sinon à l'échafaud, du moins à la Bastille, où, d'ailleurs, nous regrettons parfois de ne pas vous avoir fait agarder sous clé... Mais ce dyct si petitement... Par le Christ! Nous vous le répétons, nous vous aimons de trop pour ne comprendre votre hire... Aussi, le regret nous assaille: vous méritiez d'être grondée, mais... Certes non! Nous n'aurions point dû, dans notre juste colère, exiger de vous que vous vous mariâtes à notre chambrier, le chevalier de Briandt... Par Dieu! oui: nous avons mal fait! Mais, comprenez, Mademoiselle de Rohan Léon, que nous ne pouvions garder auprès de nous ni femme qui faillit commettre sur nos parties un attentat funeste, ni homme qui faillit à nous les défendre... Il en allait de la sécurité de l'Etat... Et, s'il nous fallait vous renvoyer aux vôstres, est-ce notre faulte à nous si celle toute maisnie de part la mer océane est partie? Pour cel mariage que nous vous ordonnons à cœur saignant, vous le savez, pauvre orpheline, il vous faut trouver agrément du père de feu votre mère, l'homme ruste et bon dont vous nous parlâtes qui l'adopta, ou de votre oncle prétendant au vicomté de Léon, dont nous savons qu'il est à notre service, tout juste fait gouverneur d'une îliote face à la côte de Saint Domingue.
Aussi, pour mieux nous faire pardonner et dans le bon espoir de mieux vous faire savoir notre humble repentir d'avoir exigé de vous l'exil, nous avons fait compagner celle missive qui, nous l'espérons, vous trouvera avant votre départ du Havre pour les Amériques, du meilleur fusil à giboyer qui soit en notre Royaume: il nous fut offert par les bourgeois de Nantes, et a occis maints sangliers et plus de cerfs, encor! Nous vous savons bionne chasseresse, car vous avons vu à l’œuvre, certes oui, en nos forêts de Versailles quand vous nous fîtes l'honneur immense de nous rejoindre en l'aimable relais de chasse de feu notre bon père. Nous le saurons entre des mains habiles et fermes, et nous prions tous nos Saints que sa seule présence à vos côtés saura vous rappeler à notre bion souvenir.
Car, ô ma céleste et belle amie, celle nuit-là! Ô Mademoiselle! Celle nuit où vous nous fîtes goûter de cel chouchenn exquis qui est vôtre... Celle nuit, vous redisons, fut pour nous non point renaissance après la trop longue maladie qui nous faillit être fatale, mais à mieulx dire, naissance. Car nous y avons trouvé, bonnement, avec le vôtre, le goût à la vie, ce que notre Mère n'a pas su donner à son filz...
De ce, Mademoiselle de Rohan-Léon, nous vous en sommes, à jà, tout remerciant.
Et de ce lieu de Versailles, nous le jurons devant Dieu le Père, asçachez que nous en ferons en votre secret honneur et bon souvenir, un palais comme nul en fut bâti de semblable en cel monde.
Asçachez aussi, si l'apprendre vous était doulx, que si nous ne pouvons vous agarder à nos côtés à notre si grand regret, ceulx qui sont responsables de votre déménagement n'en auront de nous merci et s'en mordillerons doigts à sang sous très peu: nous en faisans à vous promesse, gente Damoiselle, ni Notre mère, ni le Cardinal Mazarin, ni aucunes de leurs créatures ne pourra sous très peu entrouvrir la porte de notre conseil.
Nous vous l'avons dit, de votre force, nous en tirons la nôtre, et d'elle, nous sommes né.
Ah! Il me faut vous quitter. La chose publique broie même le roy que nous sommes. Ordonc, nous vous quitterons, certes, mais, c'est promesse, nous ne vous oublierons.
S'il se faisait qu'un jour vous soyez en quelque mésaventure assujettie à mauvaise fortune, ayez nous vous prions la grâce de montrer simplement le sceau qui figure sur cel mousquet, y figure le soleil, dont vous êtes la lune, cel sceau n'est aultre qu'icelui d'un roy dont vous fûtes, en cel si doulx printemps, la reine.
Louis de France, votre à jà serviteur
Que ne sommes né second de fratrie, simple nobliau, ou même bourgeois!
Ô! Doulce Aimée!
Notre Mère persiste à nous ordonner avec force redoublée de prendre prestement pour épouse notre cousine Marie Thérèse, sous peine de quoi elle prédit grand dommage pour le Royaume. Ah! Quel malheur! Le goutteux cardinal Mazarin que nous avions sur vos conseils derechef fait mander pour lui faire savoir notre grand mécontentement, n'a d'autres propos que ceux de notre Mère, et lorsque nous dénonçons que nous ne pouvons nous unir à l'Infante, notre directe et germaine cousine, sans encourir la juste désapprobation du Très Haut, il nous dit simplement qu'en celle affaire, à mieux vault mécontenter un très court temps Dieu lui-même qu'un plus long temps le Très Saint Père... Et de lui, il nous précise avoir obtenu bulle papale levant tout interdict pour cel mariage contre nature!!!
Doulce, doulce amie! Notre coeur est anéanti par notre désespoir ains le courroux qui est vôtre...
Nous nous voyons sans espoir, prisonnier du destin cruel qui nous éleva au trône, plutôt que de nous jeter en vos bras...
Ô! Que nous comprenons que, lorsque nous vous apprîmes que les intentions de Mère se refusaient aux nôtres, si fâchée de nous, vous nous soufflâtes si rudement que nous en portons encore la trace ce jour d'hui... Mais toute Rohan que vous soyez, et si nioble la lignée des Mériadec est, notre mère s'en voulait pour nous une fille de roy des mieux pourvue en dote et en promesse de paix... Savez vous qu'elle vous appelle "Chimère", ou quelquefois "l'Oubliez-la".... Ah! Quel malheur elle ne puisse ressentir pour nous que le cent de ce que nous ressentons pour vous! Comme nous, elle se prosternerait à vos pieds par fin d'être assurée que vous ne nous quittiez pour un autre...
Ah! Belle enfant!
Comme nous regrettons nous être emporté quand vous nous rudoyâtes si vertement et qu'au soufflet mérité que vous nous appliquâtes, vous ajoutâtes vouloir céans nous escouiller... Nous persistons en la croyance que vous n'aviez nul droyct à nous menacer de votre dague les parties, ce n'est d'usage en aucune cour, ni l'us d'aucun pays que la maîtresse châtre son Roy, et ce aurait pu, Mademoiselle, vous conduire sinon à l'échafaud, du moins à la Bastille, où, d'ailleurs, nous regrettons parfois de ne pas vous avoir fait agarder sous clé... Mais ce dyct si petitement... Par le Christ! Nous vous le répétons, nous vous aimons de trop pour ne comprendre votre hire... Aussi, le regret nous assaille: vous méritiez d'être grondée, mais... Certes non! Nous n'aurions point dû, dans notre juste colère, exiger de vous que vous vous mariâtes à notre chambrier, le chevalier de Briandt... Par Dieu! oui: nous avons mal fait! Mais, comprenez, Mademoiselle de Rohan Léon, que nous ne pouvions garder auprès de nous ni femme qui faillit commettre sur nos parties un attentat funeste, ni homme qui faillit à nous les défendre... Il en allait de la sécurité de l'Etat... Et, s'il nous fallait vous renvoyer aux vôstres, est-ce notre faulte à nous si celle toute maisnie de part la mer océane est partie? Pour cel mariage que nous vous ordonnons à cœur saignant, vous le savez, pauvre orpheline, il vous faut trouver agrément du père de feu votre mère, l'homme ruste et bon dont vous nous parlâtes qui l'adopta, ou de votre oncle prétendant au vicomté de Léon, dont nous savons qu'il est à notre service, tout juste fait gouverneur d'une îliote face à la côte de Saint Domingue.
Aussi, pour mieux nous faire pardonner et dans le bon espoir de mieux vous faire savoir notre humble repentir d'avoir exigé de vous l'exil, nous avons fait compagner celle missive qui, nous l'espérons, vous trouvera avant votre départ du Havre pour les Amériques, du meilleur fusil à giboyer qui soit en notre Royaume: il nous fut offert par les bourgeois de Nantes, et a occis maints sangliers et plus de cerfs, encor! Nous vous savons bionne chasseresse, car vous avons vu à l’œuvre, certes oui, en nos forêts de Versailles quand vous nous fîtes l'honneur immense de nous rejoindre en l'aimable relais de chasse de feu notre bon père. Nous le saurons entre des mains habiles et fermes, et nous prions tous nos Saints que sa seule présence à vos côtés saura vous rappeler à notre bion souvenir.
Car, ô ma céleste et belle amie, celle nuit-là! Ô Mademoiselle! Celle nuit où vous nous fîtes goûter de cel chouchenn exquis qui est vôtre... Celle nuit, vous redisons, fut pour nous non point renaissance après la trop longue maladie qui nous faillit être fatale, mais à mieulx dire, naissance. Car nous y avons trouvé, bonnement, avec le vôtre, le goût à la vie, ce que notre Mère n'a pas su donner à son filz...
De ce, Mademoiselle de Rohan-Léon, nous vous en sommes, à jà, tout remerciant.
Et de ce lieu de Versailles, nous le jurons devant Dieu le Père, asçachez que nous en ferons en votre secret honneur et bon souvenir, un palais comme nul en fut bâti de semblable en cel monde.
Asçachez aussi, si l'apprendre vous était doulx, que si nous ne pouvons vous agarder à nos côtés à notre si grand regret, ceulx qui sont responsables de votre déménagement n'en auront de nous merci et s'en mordillerons doigts à sang sous très peu: nous en faisans à vous promesse, gente Damoiselle, ni Notre mère, ni le Cardinal Mazarin, ni aucunes de leurs créatures ne pourra sous très peu entrouvrir la porte de notre conseil.
Nous vous l'avons dit, de votre force, nous en tirons la nôtre, et d'elle, nous sommes né.
Ah! Il me faut vous quitter. La chose publique broie même le roy que nous sommes. Ordonc, nous vous quitterons, certes, mais, c'est promesse, nous ne vous oublierons.
S'il se faisait qu'un jour vous soyez en quelque mésaventure assujettie à mauvaise fortune, ayez nous vous prions la grâce de montrer simplement le sceau qui figure sur cel mousquet, y figure le soleil, dont vous êtes la lune, cel sceau n'est aultre qu'icelui d'un roy dont vous fûtes, en cel si doulx printemps, la reine.
Louis de France, votre à jà serviteur
- herbejoAncien de la meute
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Localisation : Nancy
Re: [RP]Lettre de Louis le XIVeme à la Ruzig
Jeu Oct 20 2016, 16:28
+11111111111111111111111111111111111111
- FLUSHAncien de la meute
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Re: [RP]Lettre de Louis le XIVeme à la Ruzig
Jeu Oct 20 2016, 19:54
Merci, M'sieur!
C'esy bô, hein?
C'esy bô, hein?
- VincentLoup vénérable
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Localisation : ALANVM
Re: [RP]Lettre de Louis le XIVeme à la Ruzig
Jeu Oct 20 2016, 20:56
C'est long(extrêmement ) mais c'est bon!
Tu feras une compile de tout ça ? Plus la quête de saint Âne. On a trouvé remplaçant à Camelott!
Tu feras une compile de tout ça ? Plus la quête de saint Âne. On a trouvé remplaçant à Camelott!
- FLUSHAncien de la meute
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Date d'inscription : 29/09/2008
Re: [RP]Lettre de Louis le XIVeme à la Ruzig
Jeu Oct 20 2016, 21:34
Moult merci, voui, j'attends un courrier de M6!
- FLUSHAncien de la meute
- Messages : 2284
Date d'inscription : 29/09/2008
Re: [RP]Lettre de Louis le XIVeme à la Ruzig
Dim Jan 29 2017, 20:04
Confiée à Monsieur du Rausset, la réponse de Ruzig à Louis de France.
"Mon poulet,
Sois certain que je n'oublierai jamais la disgracieuse façon dont ta mère, son amant et toi m'avez sortie de ton lit et de ta vie.
Dieu te garde, et te donne le courage d'éloigner les faquins qui t'entourent.
La Roussotte.
"Mon poulet,
Sois certain que je n'oublierai jamais la disgracieuse façon dont ta mère, son amant et toi m'avez sortie de ton lit et de ta vie.
Dieu te garde, et te donne le courage d'éloigner les faquins qui t'entourent.
La Roussotte.
Re: [RP]Lettre de Louis le XIVeme à la Ruzig
Dim Jan 29 2017, 20:04
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'd16' : 15
'd16' : 15
- FLUSHAncien de la meute
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Date d'inscription : 29/09/2008
Lettre de la Ruzig à Louis le XIVeme
Ven Avr 27 2018, 11:51
Doulx Louis,
Un an et plus, déjà, que vous ordonnâtes notre exil du beau Royaume de France, que notre folie et notre amour irraisonné pour vous nous obligèrent à quitter.
Après un long séjour à la Tortue où nous ne trouvâmes point mon oncle, ni l'homme qui l'éleva ainsi que ma pauvre mère, par trop occupés qu'ils sont à bien vous servir en la mer Caraïbes, Monsieur Emile Briandt, chevalier de Montplanton, nous acheta belle nef et bel équipage parfin aller les chercher. Vastes et fort riches sont les îles du Ponant, mais, dangereuses aussi, car les vilains Spingoins s'y veulent maîtres, ce que nous ne voulons ni pouvons tolérer, par trop sachant ne reconnaître que l'autorité de mon tendre Roy.
Aussi nous dûmes nous défendre et avenger de leur constante et diablesse perfidie... Ce qui coûta la vie à celui que, dans votre mansuétude et votre doulx pardon, vous me destiniez pour bion et aimable époux. Icelui disparut, emporté par le tir honteux de nos ennemis, lors même qu'il négociait avec iceulx pour mieulx respecter la paix que vous voulez.
Je n'ai eu, lors, de cesse que de chercher mon oncle, qui a ici assez d'autorité, le sire Yann Varia Krad Deoc'h (ce que veult dire "Dieudonné", en nostre idiome de Basse Bretagne, puissiez-vous y trouver comme moi un clin d'oeil de Dame Destinée), dont nous fîmes connaissance il y a peu, en l'île de Gonâve dont il est gouverneur, et qu'il fortifie fort efficacement parfin protéger vos terres de la spagnole vilainie.
Lui voulant par delà la Mer Océane naver dans l'espoir d'une audience avec son Roy qu'il aime et veut servir presque autant que moi, nous lui confiâmes celle missive qui, l'espérons, vous trouvera content de nous asçavoir dans votre obéissance, ains bellement repentante.
Mon Louis, si vous vouliez l'entendre, nous aimerions vous dire combien vous nous manquez. Combien nous avons plaisir à la souvenance de ces nuits en le relais de vostre père, à Versailles, et combien nous fûmes touchée à lire qu'un jour peut-être s'y trovera château beau assez en nostre souvenir bâti. Nous aimerions que vous nous disiez qu'un jour, vous nous pardonnerez assez pour que nous puissions vous faire même révérence que nous fîmes, et nous vient même parfois à rêver que vous nous offrirez belle chasse, parfin nous puissions montrer ce que de votre... fusil... nous savons maintenant faire.
S'il vous plaît, nous vous conjurons, si vous lui accordez l'audience qu'il veult tant, de ne poinct trop moquer nostre oncle. Il n'a poinct eu d'aultre éducation que celle du bâton que lui donnèrent nos ladres cousins de Rohan Guéméné, et seul son courage qui est grand et son amour de Dieu, tout semblable au vostre, a su en faire l'homme bon mais un peu gauche qu'il est.
Aimé Louis, à vous, nous souhaitons le meilleur, ains fort grand règne
Et à nous, vostre pardon mériter.
Vostre lune, à son soleil.
Mademoiselle de Rohan Léon, à son Roy-Soleil.
Un an et plus, déjà, que vous ordonnâtes notre exil du beau Royaume de France, que notre folie et notre amour irraisonné pour vous nous obligèrent à quitter.
Après un long séjour à la Tortue où nous ne trouvâmes point mon oncle, ni l'homme qui l'éleva ainsi que ma pauvre mère, par trop occupés qu'ils sont à bien vous servir en la mer Caraïbes, Monsieur Emile Briandt, chevalier de Montplanton, nous acheta belle nef et bel équipage parfin aller les chercher. Vastes et fort riches sont les îles du Ponant, mais, dangereuses aussi, car les vilains Spingoins s'y veulent maîtres, ce que nous ne voulons ni pouvons tolérer, par trop sachant ne reconnaître que l'autorité de mon tendre Roy.
Aussi nous dûmes nous défendre et avenger de leur constante et diablesse perfidie... Ce qui coûta la vie à celui que, dans votre mansuétude et votre doulx pardon, vous me destiniez pour bion et aimable époux. Icelui disparut, emporté par le tir honteux de nos ennemis, lors même qu'il négociait avec iceulx pour mieulx respecter la paix que vous voulez.
Je n'ai eu, lors, de cesse que de chercher mon oncle, qui a ici assez d'autorité, le sire Yann Varia Krad Deoc'h (ce que veult dire "Dieudonné", en nostre idiome de Basse Bretagne, puissiez-vous y trouver comme moi un clin d'oeil de Dame Destinée), dont nous fîmes connaissance il y a peu, en l'île de Gonâve dont il est gouverneur, et qu'il fortifie fort efficacement parfin protéger vos terres de la spagnole vilainie.
Lui voulant par delà la Mer Océane naver dans l'espoir d'une audience avec son Roy qu'il aime et veut servir presque autant que moi, nous lui confiâmes celle missive qui, l'espérons, vous trouvera content de nous asçavoir dans votre obéissance, ains bellement repentante.
Mon Louis, si vous vouliez l'entendre, nous aimerions vous dire combien vous nous manquez. Combien nous avons plaisir à la souvenance de ces nuits en le relais de vostre père, à Versailles, et combien nous fûmes touchée à lire qu'un jour peut-être s'y trovera château beau assez en nostre souvenir bâti. Nous aimerions que vous nous disiez qu'un jour, vous nous pardonnerez assez pour que nous puissions vous faire même révérence que nous fîmes, et nous vient même parfois à rêver que vous nous offrirez belle chasse, parfin nous puissions montrer ce que de votre... fusil... nous savons maintenant faire.
S'il vous plaît, nous vous conjurons, si vous lui accordez l'audience qu'il veult tant, de ne poinct trop moquer nostre oncle. Il n'a poinct eu d'aultre éducation que celle du bâton que lui donnèrent nos ladres cousins de Rohan Guéméné, et seul son courage qui est grand et son amour de Dieu, tout semblable au vostre, a su en faire l'homme bon mais un peu gauche qu'il est.
Aimé Louis, à vous, nous souhaitons le meilleur, ains fort grand règne
Et à nous, vostre pardon mériter.
Vostre lune, à son soleil.
Mademoiselle de Rohan Léon, à son Roy-Soleil.
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