Chismes y cuentos de Santiago

Y fait pas bon d'être scotteux, dans ce pays!

Il serait utile à ce fort Sympathique De Morales de ne pas prendre la mer sans grande escorte....

Le scotteux se vengera d'une manière ou d'une autre!

L’ancien équipage de Maldonado est à peine décroché de son perchoir de mort qu’une rumeur se répand qui vise sous la ceinture la bonne moralité du gouverneur de Santiago. Mais par peur, par vice, ou simplement  parce que pour les indolent et hautains « habaneros »,  les « santiagueros » ne sont que de oisifs buveurs, ce ne sont pas les oreilles de Morales qui viennent à bourdonner les premières  mais bien celles de son supérieur,  Juan de Salamanca, Capitaine Général de Cuba, qui déjà bien avant l’an passé,  avait écrit au Roi Philippe pour se plaindre des moeurs dissolues des habitants de l'île et demander l'édification de deux nouvelles églises paroissiales.

Mais si le gouvernement de l’île est désormais aux Habaneros, le diocèse n’en est pas moins demeuré aux Santiagueros, chose qui n’a point échappé à la sagacité du gouverneur Moralès,  surtout quand au printemps de cette année un nouvel archevêque avait débarqué en provenance de Neuve-Espagne pour investir Nuestra Senora de la Asuncion. C’est que le pédigrée du nouveau locataire de la cathédrale avait de quoi retenir l’attention pour qui goûte peu de tâter de la « garrucha », du « potro » ou de la « toca ».


Jusqu’à son ordination épiscopale, Juan de Sancto Mathia Saenz de Manozca y Murillo, n’était autre que l’ « Inquisidor » de l’un des trois Tribunaux du Saint-Office établis aux Indes, lequel, officiant à Mexico,  avait particulièrement brillé à débusquer le marranisme jusqu’à la grande Autodafé de 1649 couronnée de 13 buchés purificateurs.


Certes,  depuis cette apotéose plus de 20 années avait passé, mais Moralès ne doutait point que le zèle virginal du nouvel évêque n’était en rien  étranger, courronne d’Espagne à l’appui, aux préoccupations de Salamanca. Aussi, et ce fut confirmé par la suite, Don Juan Saenz de Manozca ne se séparait-il jamais de son Malleus Maleficarum…



...à suivre

Morales a vendu son âme à Satan. Tout le monde le sait !

Ah bah comme ça les choses sont claires!

Une honte que tout ceci...

Que dire de plus....A part que le nouveau très haut curé Manozca est sans nuls doutes lié lui aussi aux démons. Et qu'avec Morales ce n'est pas des perles qu'ils enfilent.
Comme disait le vieux MC Donald, :"Z'ont pas une gueule à aspirer que des glaçons!"

Ah bah comme ça les choses sont claires!

En effet! Pour Mgr de Manozca elles sont même limpides! Le corps et l'âme de Lopez Maldonado sont infestés par un Satyrus Marinus qui a profité de l'exil de cette âme déjà perdue pour traverser la Mare del Norte et hanter la caraïbe. La chose sera d'ailleurs aisée à prouver une fois ce dernier capturé et mis à nu, car comme fort bien décrit dans le Malleus Maleficarum, si ce démon là est dépourvu de gonades (chose qui advient parfois chez quelques malheureux mais pieux fidèles), la partie la plus charnues de son appareil n'en est pas moins garni d'un appendice natatoire...ce qui peut par ailleurs expliquer les hurlements porcins entourant certains méfaits de Maldemonio.

Chasseurs de sorcières ! chasseurs de sorcières !

Burn the witch !

...Toujours en ce mois d'octobre de 1661, Jѳrgen Grѳtt et deux de ses compères capturés au cap Crux, sont menés sous les crachats de la foule vociférante devant Le gouverneur de Moralès jubilant de satisfaction. Le milicien Alvaro ayant fait preuve d'un grand courage et d'une exemplaire détermination dans cette affaire, de Moralès lui accorde commission de capitaine de la milice de Santiago après qu'il ait publiquement reçu la bénédiction de Mgr de Manozca. Qu'un sombre colon armé d'un mousquet se distingue est une chose qui mérite bien d'éclabousser de quelque gloire le blason de ces messieurs...

Don Blas prends congé de son audience de routine d’avec le Gouverneur de Moralès. Comme nombre des précédents, c’est un jour plein d’amertume pour Blas Arnaldo de Isasi. 2237ème jour d’exil cubain pour ce natif de la Jamaïque, tout comme le fut son père Don Cristobal Sanchez, sa mère Dona Maria Arnaldi, ses deux frères et sa sœur.  3ème enfant de la fratrie, Don Blas sait bien à qu’il il doit ses fonctions d’Assesseur Général et Lieutenant Gouverneur de la place de Santiago, et à qui son aîné Don Francisco doit son évêché.

Blas de Figueredo, son beau frère n’avait pas démérité à la tête de ses hommes quand il avait pris l’interim de la Capitainerie Genérale de la Jamaïque après la fuite du gouverneur Arellano. Cette fuite honteuse avait certes permis d’épargner la vie de sa sœur Isabel, mais avait fait d’elle une veuve épleurée. Réfugiée à Santiago auprès de Don Blas dont elle bénéficie des gages et émoluments, elle ne fait à chaque jour, fut-il plus de 2000 fois révolu, qu’ajouter à l’amertume du suivant.

Non, le héro de la famille, c’était bien le benjamin : Don Cristobal Arnaldo, fils de Don Cristobal Sanchez, fils du Conquistador Don Sebastian de Proenza, fils de Don Cristobal de Proenza, page de sa majesté Jean III…

Trois années durant c’est bien lui qui avait mené la résistance jamaïcaine, jusqu'à tenter par deux fois de reprendre de force leur île natale. Il s’en était fallut de peu que l’entreprise réussisse tant ces diables d’anglois tombaient comme de misérables mouches sous cette latitude si éloignée des brumes des midlands et de leur source de ravitaillement. Mais ce d’Oyley, diable parmi les diables, avait su dénicher la clé de l’affaire jamaïcaine en renversant l’alliance avec les cimarrons de Juan de Bolas, le diable l’emporte !

Depuis deux ans maintenant Don Blas n’a plus la moindre nouvelle de son héroïque cadet, mais il vient d’en recevoir de son aîné, Don Francisco, évêque de San Juan de Puerto Rico. Ayant fait son deuil de la Jamaïque, Don Francisco s’était fait berger des âmes portoricaines et s’efforçait autant que son grand âge le lui autorisait de soutenir leur moralité face aux déprédations des hérétiques de tous poils. Aussi dans sa missive, Don Francisco fait-il part de combien il se réjouit d’aller prochainement à San German consacrer la nouvelle église Nuestra Senora del Remedios, en laquelle il voit le symbole de l’éternelle catholique qui fera que Puerto Rico ne connaîtra pas le destin du Marquisat de la  Jamaïque, en son temps bien trop dépendante de trop nombreux esclaves a peine chrétiens…

En lisant ces lignes, Don Blas esquisse un sourire narquois qui vient fendre son amertume. Non pas qu’il mette en doute en les convictions de son évêque de frère quant à la force morale des portoricains… mais il se dit que les « trop nombreux esclaves à peine chrétiens » errant maintenant en liberté dans les inextricables montagnes jamaïcaines, pourraient bien devenir pour les anglois la porte des enfers, pour peux que ces ensauvagés prennent conscience qu’ils sont les véritables maîtres de la Jamaïque…