Les Loups du Téméraire
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FLUSH
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Ancien de la meute
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Il était une fois...  Empty Il était une fois...

Ven Nov 30 2018, 08:52
Il est temps pour vous de découvrir une vieille histoire qui pourrait s'avérer importante... L'on dit un vieux grimoire retrouvé, et les reliques de puissance à trouver... Mais lisez plutôt, en forme de préambule, la véridique histoire qui suit...

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LA GESTE
DE SAINT FLUSHOMBAN,
DE SAINT ANE DES ROUBIGNOLES,
ET DE SAINT BOB DE RISOVITCH


Je, Korentin Kerfadec, recteur de la paroisse de Plouflushig à laquelle son nom est attaché, atteint par l’âge mais aussi sain d’esprit que peut le permettre ma toison blanchie par le temps, ai entrepris de relater la véritable et très Sainte histoire de Saint Flushomban, homme Saint parmi les Saints, dont la piété immense et le zèle christique ont été reconnues du Très Haut, et permirent l’évangélisation des peuples barbares d’outre Vistule, grâce à l'aide précieuse de Saint Bob de Risovitch et de son Âne béni, afin que tous sachent, en la terre d’Armorique comme en Barbarie d’Outre Couesnon, comment il vécut, quels prodiges il fit, et pourquoi nous devons le considérer ainsi que Saint Âne comme les très saints patrons de notre petite-mais-putain-fière Nehation.


Livre I

De la jeunesse et de la captivité de Saint Flushomban, du premier discours de Saint Âne et de leur fuite de Saxonnie.


Flushomban le Bon, fils de Fllush y Hen Ab Fllush y Hennoch, abbé évêque de Saint Daffy et d’une crêpière armoricaine installée auprès du Roi O’Neill du Donegal, partit d’Irlande dès sa prime adolescence, à la recherche de son père, à la garde duquel l’injustice du roi de Powys, son oncle, l’avait arraché enfant.
Fllush y Hen Ab Fllush y Hennoch, lui fit bon accueil mais courroucé que son fils portât un nom gaélique et surtout trop occupé qu’il était à tenter d’assassiner les quatorze frères qui lui restait, entreprit très vite de s’en débarrasser, et pour laver son fils retrouvé des sordides us et coutumes d’Irlande et des mauvaises habitudes barbares qu’il avait prises lors de son enfance à force de pratique du hurling, il lui imposa une totale immersion culturelle auprès de ses cousines, les sœurs Goadec, connues jusqu’aux confins de la Brittonie comme étant deux langues des mieux pendues et deux piplettes hors paires –ces deux femmes étaient aussi, en quelque sorte, ses belles-mères, car elles furent consécutivement la troisième et quatrième épouse de son père, avant qu’un concubinage plus arrangeant n’oblige Fllush y Hen Ab Fllush y Hennoch à les quitter au profit de leur mère. Les sœurs Goadec, donc, lui donnèrent très vite le goût de notre belle langue, et d’une vie faite de probité et de labeur, et, accessoirement, de sexe… mais mon statut d’homme d’Eglise m’empêche de vous narrer pourquoi, selon les annales de Cambrie, l’on prêtât à Saint Flushomban le nom de foire de Cenhinen Mawr, qui aurait été, mais tout ceci n’est que menterie, à l’origine du fait qu’on le représente toujours affublé d’un vert et fier poireau.
A sa majorité, et déjà père de sept garçons dont deux seulement étaient trisomiques, on le mena au monastère d’ Anlederc’h pour calmer ses ardeurs et parfaire son éducation en lui donnant de sérieuses bases théologiques. C’est là que l’Eternel lui vint en rêve, et lui révéla l’art de la distillation.
Il devint, trois ans après, à force de saines lectures et de la découverte opportune du Poireau Sacré d’ Anlederc’h dont il sut toujours tirer un breuvage exquis –et, il ne faut le cacher, grâce aux relations de son père, depuis peu rabiboché avec son seul frère survivant, Meriadoc Ab Fllush Hennoch, prince de Cambrie, son oncle (si vous suivez), à qui il donna ses nièces en mariage, mères des sept enfants qu’il eut avant de consacrer sa vie à la grandeur de Dieu (faut-il le rappeler pour bien être compris), IL DEVINT, donc, abbé de Llanbihoue, haut lieu de culture monastique et de foi brittonique.
Là, durant de longues années, il put guider à loisir le troupeau que le Très Haut, son père et son oncle lui avait confié, vivant humblement et dans une piété extatique, qui faisait de lui l’homme le plus estimé de toute la Britannia depuis la disparition d‘Arthur, Fils d‘Uther Pendragon.
C’est là aussi qu’un jour sept fois maudit de l’an 650, il fut en sa quarantième année, lâchement pris avec ses moines par l’infâme, cruel et veule Cedricson le Vieux, chef d’une bande d’impitoyables Saxons à l’haleine putride.

Malgré sa grande faiblesse intellectuelle plus due à son rang qu‘à sa race, tant il est vrai que les peuples aiment à se choisir des incompétents pour les guider, conscient qu’il était que la maîtrise ultime qu’avait le Saint Homme dans l’art unique de distiller le poireau pourrait l‘aider à trouver enfin femme en redonnant une fraicheur relative à sa bouche généralement emportée par d‘infâmes relents de pieds de hareng dont il se nourrissait presque exclusivement, le roitelet aux cheveux jaunes lui épargna la vie, et le réduisit en esclavage, pour qu’il lui prépara chaque soir son breuvage salvateur.

Ordonc, Flushomban, durant de longues et douloureuses années, exécuta la tâche ingrate et infamante de redonner au tyran Cedricson une haleine moins fétide, sans pour autant omettre de journellement remercier le Seigneur des bienfaits qu’Il lui avait jusque-là prodigués, et en priant afin qu’un jour il puisse regagner Ses illustres faveurs. Pour se faire, il utilisait le Poireau que l’Eternel lui avait donné à son arrivée à Anlederc’h, duquel il savait tirer un breuvage exquis.

C’est la nuit de Pâques de l’an 662 qu’il entendit, émanant du fond de l’étable où l’on le faisait dormir, qu’on lui parlait: « Flushomban, bon disciple, le Très Haut ne t’a point abandonné! » Flushomban se leva, et s’approcha de l’endroit, plongé dans les ténèbres, d’où semblait provenir la voix qu‘il avait ouïe. Il n’y vit rien d’autre que son vieil et fidèle âne, Sac’h Bras, le « sévèrement burné ». A l’instant précis où il avait pris la décision d’aller se recoucher, persuadé qu’il était d’avoir eu une hallucination provoquée par les fortes vapeurs d’alcool de poireaux qu’il inhalait avec constance sans le vouloir, Flushomban fut saisi de stupéfaction quand il vit La Merveille: son âne lui parlait, et reprenait son discours, ajoutait: « il te faut quitter cet endroit au plus vite, et traverser les mers. Dieu te charge d’une mission que seul le plus sage des Britons pourra exécuter!»
Le Saint homme s’effondra aux sabots du Saint Âne, pleinement honoré par le Créateur, ne sachant que dire sinon lui témoigner sa totale gratitude, et qu’il était prêt à faire selon Sa bonne volonté, et qu’enfin rien ne saurait lui être plus agréable que de reprendre le service de Sa Gloire pour gagner auprès de lui une place en Paradis au côté des anges et des martyrs.
« Flushomban, il te faudra être brave, partir prestement, affronter la fureur de la mer, pour aller convertir les cheveux jaunes qui vivent de l’autre côté des Flots, avant qu‘ils ne découvrent les joies du scoutisme, et que leur vienne l’envie de vivre de trépidantes et belliqueuses aventures, loin du regard vides de leurs parents débiles et indignes.
- Che? Peux-tu répéter, mon bon Sac‘h Bras? Apostropha le Briton.
- Non point. Dit sobrement le Très Saint Âne, qui était fatigué et voulait dormir tôt, car il savait une longue et pénible route les attendre.
- Mais tu déconnes plein tube, mon âne tant chéri que béni, ces gens n’ont point d’âme, je ne pourrais le faire!
- On ne discute point les ordres du Très Haut, Flushomban, tu n’es point dans l’ignorance qu’Il est, parfois, un brin irritable… et… reprends toi, bordel à cul! Je t’aiderai.
- Mais… enfin… cela ne se peut! Il est tout à fait hors de question que je collabore avec l’ennemi héréditaire blond-tisonné, en une politique odieuse de renoncement à mes principes moraux qui enracinent chauvinisme et préjugés au plus profond de mon être, et que je collabore, fut-ce avec le Très Haut, à la conversion de ces hordes sanguinaires!
- Deus dixit.
- Un âne qui parle latin… Plus rien ne m’étonne, sinon le dessin qu’aurait Notre Très Saint Père… Cela ne se peut! Imagine à quoi ressemblerait le Paradis s’il devait s’encombrer d’eux!
- J’ai en vérité bien du mal à imaginer à quoi peut ressembler le paradis des hommes… Y boit-on comme dans le nôtre du lait d’ânesse à satiété? Mais cessons là toute tergiversation: c’est un ordre du Très Haut! Si tu n‘obéis point, il te laissera là, à faire ton sirop de poireaux jusqu’à la fin de ta misérable vie… Réfléchis, je partirai à l’aube, avec ou sans toi ».

Nul besoin de préciser dans notre discours fleuri que la nuit du Saint Homme fut des plus agitée, partagé qu’il était de vouloir bien exécuter la volonté divine, et la répugnance qu’il avait de devoir travailler à la salvation des âmes prétendues d’êtres infernaux qu’étaient à ses yeux les Germains de Trans-Mer.

Cependant que le soleil matinal dardait de ses premiers rayons, il se leva et alla au fond de l‘étable, la mine triste et sévère de l’homme résigné qui s’en va à la mine. Il vit son âne, bâté, déjà sur le départ, et le prit à l’encolure, lui glissant à l’oreille, avec courage et détermination, qu’il l’accompagnerait.

Et voilà notre Saint partant vers l’Orient sans éveiller plus de soupçons que quand il allait en son carré de poireaux pour y ramasser le fruit de la terre qui lui permettait de préparer son breuvage, comme à l’accoutumée.

Avant qu’une heure ne passe, les Saxons assoiffés se rendirent compte de l’absence du maître distillateur, et, après un moment de panique indescriptible, réunirent les quelques mauvais cavaliers du clan, afin de lui donner chasse. Or, Dieu, dans Son infinie sagesse, avait doté les ennemis des fils de Brutus d’une odeur telle que, le vent leur venant de dos, ils étaient précédés d’une demi lieu au moins de leur odeur poisseuse, ce qui, en l’occurrence, permit à Flushomban et à son fidèle destrier d’être prévenus de leur présence odieuse et de gagner le rivage en déjouant leurs poursuivants, alarmés qu‘ils avaient été dès la première effluve.

Nulle embarcation ne les y attendait, et quand la pestilence saxonne vint à nouveau à ses narines, Flushomban crut un instant sa fin être toute proche.
« Nous sommes faits, mon âne chéri, je t’ai beaucoup aimé! A Dieu donc! » déclara-t-il, quand il vit la hideuse horde finalement s’approcher.

L’âne eut un braiment joyeux, et, serein et pétri de confiance, nulle autre route ne s’offrant à lui, il entra courageusement dans les flots…




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Livre II

De la navigation des deux Saints,
de leur arrivée en Domnoée.


Longue et périlleuse fut la traversée de la Mer Britannique, car les flots, à l’image des hommes qui la traversent parfois, peuvent être traitres et redoutables. La bête illustre, par amitié pour son maître, naviguait vers le midi plutôt que vers le Levant, et sans doute le Très Haut, se sentant abusé par ce détour notoire, était tout courroucé. Aussi, cependant que Sac’h Bras, Flushomban toujours sur son dos, nageait sans relâche, ses forces l’abandonnèrent à la huitième heure du jour. Il semblait à nouveau que le Saint Homme et sa monture étaient en perdition. Nul rivage où poser le sabot, nul îlot ou rocher où trouver le repos, nul boisson, ni nourriture, et la mer qui forçait.

Cela faisait bien trois heures que la Saxonnie avait été laissée aux diables, et le seul réconfort que Flushomban trouvait était de se savoir libéré du joug malin de ses maudits oppresseurs.
« Ô, Âne fidèle! Je sens l’épuisement t’étreindre! Faudra-t-il que nous nous noyons céans, au milieu de la Mer hostile? »
Il leva ses yeux vers le ciel, et clama:
« Jésus! Anne! Marie! Dieu Tout Puissant! Je fais ici le vœu puissant que si par Vos interventions miséricordieuses, nous sortons sains et saufs de l’éminent naufrage et de l’atroce fin qui nous guettent, je donnerai les clés du Paradis aux Cheveux Jaunes qui le mériteront (s’il s’en trouve)! Mais, Ô Dieu Tout Puissant! Fassiez que je puisse une dernière fois revoir mon peuple aimé, et bondissant gaiement, en un An Dro léger, me niquer les petits doigts une dernière fois, comme quand j’étais amant de la belle Morgane, aimante amante qui me trahit, celle-là même qui me fit Vous choisir et désespérer des femmes, quand elle me préféra ce pauvre gueux de Paolig, sous le vénale prétexte qu’il avait meilleure mise que la mienne… Parce que oui, jamais je ne serai allé perdre mon temps au monastère d’Anlederc’h si je n’avais pas connu son désamour, je me dois de le confesser, tout comme je dois vous dire que je n’ai jamais franchement aimé d’amour les sœurs Goadec, mes bonnes cousines, même si le souvenir de leur gentillesse m’émeut encore, même si elles me firent sept fois père parce qu’elles ont toujours ignoré toute contraception, même si je regrette de n’avoir point pu les en remercier en les nommant à la tête de quelque décadent couvent... Mais… Ô Dieu! Je m’égare, et je me perds une deuxième fois! Oublions les cousines, et cette rousse Morgane ! Je le jure devant Vous, mon âne en est témoin! Accordez-moi cette danse, et j‘irai pour Vous en Barbarie!»

A ces mots, eu lieu la seconde merveille: Sac’h Bras le sévèrement burné porta son glorieux nom en un paroxysme douloureux, si tant et fort qu’à la fin il devint évident que portés par l’immensité et la légèreté de sa virilité décuplée, ils pouvaient flotter tous deux sans effort. Et Kornog, que fit souffler le Très Haut lui-même, fit le reste en formant sous eux une onde immense et confortable qui leur fit en un jour et une nuit parcourir les 200 lieux les séparant du continent.

Si bien qu’au petit matin, épuisés, affamés, assoiffés, mais indemnes, les deux êtres échouèrent en la terre promise d’Armorique, en le royaume de Domnoée.
« Quel miracle as-tu là réalisé, mon bon Âne! Que tu sois cent fois loué, que ton nom soit sanctifié, et tes roubignoles qui nous ont sauvés soient mille fois bénies! »

C’est sur la grève de Penntraezh que de braves pilleurs d’épaves, venant juste d’éteindre le feu qui leur avait permis la nuit d’attirer sur les rochers de la baie une esquisse romaine, vinrent les ramasser parmi les agonisants venues de la Mer Intérieure. Déconcertés par son air familier, ces hommes rudes mais bons ne purent longtemps confondre notre Briton d’avec les noyers latins qui l’entouraient.
« O! Ma Doué! Regad’ z-y don’ à çui-ci! On dirait le père Le Gwenn, en plus rougeau! Peut-être çui-ci est-i’ des nôt‘, autant le préserver et lui faire bon accueil, Dieu nous en sera témoin, de vrais chrétiens nous ne tuons point! »

Amenés au bourg voisin, Flushomban eût le bonheur de retrouver là son peuple, ayant quelques années auparavant lui-aussi fait le chemin d’Armorique, pour échapper aux incivilités déplorables des Cheveux Jaunes rendus maîtres de la Cambrie désertée. Il put enfin deviser en son idiome natal, si délicat au regard du parler des Saxons. Dès qu’il se fit reconnaitre, l’on fit vœu de pitance et de grand festoiement, et l’on organisa un grand Fest Nozh en son honneur, où coulèrent mêlés hydromel, cidre, et vin blanc fraichement ramené de Barbarie d‘Outre Erdre. L’on ouvrit de grandes boîtes claniques de pâté pur porc Hénaff, et l’on s’en régala. L‘on parla du pays, celui qui avait été quitté, celui en devenir, celui qu'on occuperait jusqu'à la Vire. L‘on remercia Dieu pour les prodiges qu‘Il avait fait par l‘intercession de celui que tous appelaient déjà Saint Âne, et l’on se mit à chanter, puis, au grand plaisir de Flushomban qui tournoya des heures, l’on sansa lestement.

Le lendemain matin, la tête piteusement prise dans un étau puissant, le Saint Homme, allongé qu’il était parmi les femmes de Penntraezh qu’il avait converties durant une nuit de labeur (nuit qui lui assura une nouvelle lignée), fut réveillé par son âne fidèle, qui lui parla sévèrement.
« Flushomban, il est tard. Fais donc tes provisions, prends beurre salée et lard, que nous quittions ce lieu avant qu’elles ne s’éveillent, et demandent à nouveau que tu leur expliquas la Sainte Trinité en usant d'arguments que le pape de Rome ne saurait approuver! »

Et c’est ainsi, sans mentir, que nos deux saints quittèrent l’Armorique pour aller vers l’Orient, laissant derrière eux le peuple le plus chrétien du monde, se dirigeant vers les contrées inhospitalières d’Outre Couesnon, et les Terres Noires d’Outre Moselle…

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Livre III

De la rencontre de Bob de Risovitch, de la conversion du Slavon et de la découverte des Sancti Latrinae de St Colomban.


A cette époque les terres sises Outre Couesnon étaient sous le joug des Francs, mais ne connaissaient point encore la pestilence norroise. Depuis Louis Ier, les infâmes cheveux jaunes qui y régnaient, oppresseurs des Gallo-Romains, avaient cependant un peu perdu en barbarie, convertis qu’ils avaient été au christianisme, par bas opportunisme plutôt que par amour de Dieu. Ils n’en demeuraient point moins de redoutables ennemis des Britons, qu’ils jalousaient pour bien des raisons qu’une encyclopédie ne seraient contenir, dont la principale était que notre-peuple-qui-vaincra ne voulait point de leur autorité, et qu’à un contre vingt, il s’y soustrayait habilement, car le Tout Puissant Lui-même intercédait en sa faveur, pour le garder de la souillure et de la dégénérescence qu’eût été la soumission à un peuple aussi prompt au mauvais goût et à la luxure.

Aussi, la traversée de la Francie ne fut point des plus tranquilles, mais si ce peuple manque de culture, de savoir vivre, de finesse, et de courtoisie, de sens politique, du moins n’était-il pas sur le fond opposé au dessin du Très Haut.

Saint Flushomban répugnait à l’idée d’aller outre Moselle, car il savait que la vraie Germanie l’y attendait, avec son cortège d’horreurs capillaires, et d’odeurs nauséeuses.
Arrivé en Lotharingie, la rigueur du climat semblant empêcher tout habitant à sortir hors de sa misérable et immonde cahutte, Saint Flushomban ne trouva presque âme qui vive ni, non plus, auberge où acheter de quoi se restaurer ; l’endroit, peu propice au tourisme et aux réjouissances, en était complètement démuni… Aussi entreprit-il un temps, moins pour respecter les coutumes de ce lieu sordide que par nécessité et par soucis d’économie (n’avait-il pas été en partie éduqué en Scotie !?), de se nourrir exclusivement de racines et de baies sauvages, comme semblait le faire les quelques pauvres Lotharingiens faméliques qu’il avait jusque-là croisés, mais n’y pouvant plus, après s’être installé sur un îlot d’une rivière sans charme ni envergure nommée Seille pour se protéger des trop nombreux loups qui pullulaient en cette contrée hostile, il décida d’allumer un feu pour y faire griller quelques morceaux de lard gras qu’il tenait en son garde-manger.
A peine le lard dans la poêle beurrée  qu’accoururent vers lui deux hommes vêtus seulement de loques faites de jonquilles et de chardons adroitement tressés. L’un, le poil noir, du sud, l’autre, horriblement chevelé d’un maudit et ostentatoire jaune qui fit mettre en garde notre Saint car il le prit pour un Saxon infidèle, du nord.
Sans le savoir, Saint Flushomban et son âne fidèle étaient rendus aux frontières de la Germanie.
Allaient-ils assister à de cruels combats ?
Les deux hommes l’invectivèrent vertement, arguant tous deux que nos Saints s’étaient installés sur leur territoire et leur devaient le couvert (coutume lotharingienne imposant à leurs visiteurs, qu’ils soient de passage ou immigrés, de les nourrir), cet îlot étant revendiqué à la fois par les Médiomatriques, et par l’évêque de Toul.
Puis, s’insultant ensuite l’un l’autre, ils se provoquèrent en duel. S’ensuivit un combat fantastique et étrange entre les deux hommes,  qui se lancèrent à l’aide de leurs pieds protégés de slips de bain (la terre était grasse et glissante à cet endroit, et ces deux pauvres créatures pensaient sans doute, dans leur profonde gentillesse, que par ce subterfuge contre-nature ils adhèreraient mieux au sol) une panse de brebis farcie de paille, en un drôle de jeu ponctué de slogans incompréhensibles faits de « Graoully vaincra ! » et de « qui s’y frotte s’y pique ».
Au bout de deux fois quarante-cinq minutes de ce que ces hommes appelaient en leur surprenant langage le foutchetaibeul, aucun des deux n’était arrivé à imposer sa puissance à l’autre. Aussi Saint Flushomban leur demanda de se calmer un brin, prétextant qu’il fallait à son âne quelque mérité repos, et leur précisa-t-il qu’il libèrerait l’îlot dès le lendemain matin, les invitant à faire la paix et, en bon chrétien, à prendre leur part du festin qu’il préparait. Ce qu’ils firent, en goûtant quelques pintes d’alcool de poireaux qu’il avait réservées jusque-là.
Hageninot, le Leuque, accepta de bonne grâce, et remercia du présent qu’on lui offrait en un reconnaissant « maaaaan, euh ce que tu nous as faihi, ça châble direct aux entrailles, gros ! », puis Bob prit sa part et, après avoir vidé sa choppe en fit autant, en un « quel staÿl, c’est du gutt helmut, euh cte gouleyant breuvage, gros ! » aux suaves, cadencés et slavons –mais Flushomban l’ignorait encore- accents.  Etonné qu’un jaune chevelu sache boire sans renverser et n’éructe pas en quelque germanique et insonore idiome, Saint Flushomban interrogea l’homme venu du nord, sur les origines de son horrible couleur de chevel. Il lui apprit que vivait, bien au-delà du Rhin, vers l’orient, un peuple blond, tout comme lui. Il venait d’une charmante et paisible bourgade nommée Risovitch, d’où il était parti enfant, accompagnant son père, plombier de métier, parti cherché fortune en Lotharingie alémanique il y a bien longtemps.
Bob de Risovitch admit que sa blondeur n’était pas un cadeau, puisqu’elle pouvait le faire passer pour un infâme Germain, mais fit savoir à Flushomban que tout son peuple, vivant dans l’ignorance de Dieu, mais pourtant bien pourvu d’âme (du moins présumait-il que les hommes de son peuple en soit pourvu, puisqu’il leur arrivait de regretter d’avoir été syndiqués à Solidarnosc alors que le Parti pourvoyait à toute chose, leur permettant de s’épanouir dans la joie et l’allégresse), arborait ce toisonage ridicule.
C’est Saint Âne, qui laissait traîner ses longues oreilles par là par curiosité (son seul vice), qui le premier saisit tout le profit que son maître pouvait tirer de cette fabuleuse nouvelle.
Cheveux jaunes + âme + conversion = vœu de St Flushomban exaucé = paradis des hommes vachement plus peuplé = Très Haut tout content.
Et, nous ne l’ignorons point, car Saint Âne était bon chrétien, si Très Haut tout content, Sac’h Bras content-content !
Se refusant de parler devant des étrangers –dont un blond, faut-il le rappeler !- mais pour autant voulant se faire comprendre, il partit d’un braiement exclamatif et joyeux, qui fut compris de son maître.
Ce dernier se lança en un exposé habile, sachant qu’il pouvait saisir cette occasion pour réaliser le vœu qu’il avait fait au Très Haut sans risquer de devoir ouvrir les portes du ciel à ses infâmes et mortels ennemis, celui-ci entreprit alors, à l’aide d’un escargot à trois têtes venu jusque-là opportunément de la mystérieuse forêt du Coat Nome, de lui révéler la Sainte Trinité et dans la foulée, le convaincre de l’existence de Dieu. Dès que Bob eût appris que le Très Haut était créateur de toute chose, y compris de l’eau de vie dont il se resservit une huitième fois, il se rallia au point de vue du Saint, se convainquit qu’il fallait Le louer comme il se devait, et lui promit, avant de tomber en un profond coma, de l’emmener vers le peuple des Slavons d’outre Vistule dès qu’il aurait récupéré de la gueule de bois qu’il sentait venir et qui s’annonçait plus épaisse et plus sombre que la Forêt de Haye que notre Saint avait tantôt traversée…
Voulant faire d’une pierre deux coups en évangélisant les Leuques, Saint Flushomban s’enquit de la religion de Hageninot, qu’il présumait chrétien, car contrairement à son acolyte endormi, il portait un slip de bain au pied droit, vêtement si bien ajusté et étiré qu’il lui cachait aussi la plus grande parties de ses parties génitales. Ce dernier lui soutint qu’on était ici sept fois plus chrétien que dans le reste du monde connu, arguant du fait qu’un tel chômage sévissait en ces lieux que la semaine lotharingienne comptait en vérité sept dimanches, temps qu’ils consacraient en partie à louer Dieu, et en partie au derby ASNL FC Metz. Il lui fit savoir, également, qu’à ses yeux, l’îlot qui leur servait de havre était sacré, car un siècle auparavant, Saint Colomban, de passage en Lotharingie, s’y était arrêté un temps pour y vivre en ermite. Pour preuve, il montra à Saint Flushomban, incrédule, les latrines que le très Saint moine avait là creusées, et que, depuis, le petit peuple vénérait en son souvenir sacré.
L’émotion submergea Saint Flushomban, et à la vue des Sancti Latrinae où les défécations de son Saint prédécesseur étaient encore miraculeusement préservées, il ne put en retenir le flot, et la vomit puissamment. Puis il dit cette phrase pleine de sagesse « il me semble que j’ai un peu trop bu » puis, une autre, prémonitoire « je crois que je vais passer une mauvaise nuit ! »
C’est ainsi que, depuis, d’aucuns prétendent que les Sancti Latrinae sont miraculeuses, car Saint Flushomban avait pu y lire l’avenir : sa nuit fut effectivement des plus mouvementée.

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Livre IV

De la conversion des Slavons
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Bob de Risovitch, grand connaisseur des dangers de la Germanie dont il avait adopté bien des us et coutumes, partageant comme eux un amour coupable des saussices et des vêtements mal assortis, n'eut point de mal à guider Saint Flushomban et son âne à travers les forêts épaisses et sordides d'outre Seille.
Il les fit traverser le Rhin à hauteur de Büchelbourg, et, nuitamment afin de ne point risquer de mauvaise rencontre, fit cheminer la Sainte Troupe à travers la Barbarie d'Allémanie jusqu'à aborder les rives de l'Oder sans avoir croiser âme qui vive, à la plus grande joie de St Flshomban, pour entrer enfin, en la Slavonie Occidentale.
Afin de plaire à Flushomban qu'il savait horrifié par sa jaune toison, Boris s'était confectionné une magnifique péruque en poils noirs de tanches du Rhin, espèce qui vit exclusivement à hauteur du bourg maléfique de Fessenheim. Il arborait ainsi une mine fière, et sa chevelure pastiche lui rendait un air honnête, affable et saint, ce qui, selon Flushomban, lui donnait, au regard du Très Haut, un passeport pour le paradis des Chrétiens.
Là, ils rencontrèrent la foule immense des Slavons qui vivaient pacifiquement dans l'attente mystique de la Révélation.

Noir chevelés qu'ils étaiant (ou semblaient être), ce qui était en ce lieu une véritable merveille, nos deux hommes n'eurent aucun mal à se faire reconnaître comme les envoyés du Très Haut.

Tout comme il avait converti Bob de Risovitch, St Flushomban entreprit de convertir le peuple des Slavons en leur révélant le secret de la dystillation du poireau, ce qui le rendit fort populaire auprès de ce peuple au coude si léger, d'autant que la petite retraite qu'il s'était choisie, connue jusqu'alors comme étant la "taverne du bon roi Stanislas", fut confiée à la gérance de Bob de Risovitch. Il la transforma très vite en un lieu nocturne incontournable et fort apprécié. C'est grâce à l'ingéniosité de ce dernier, parce qu'il su transmettre aux Slavons le message de Dieu en d'extraordinnaires psaumes magnifiquement scandés mises en musique par ses tout premiers disciples (Liz Mitchelovitch, Maiz Williamesko, Marcia Barretovskaia, et Reg Tsiboski), ainsi que pour son goût pour les pijamas aux tissus chatoyant et aux chaînes en or dont il aimait couvrir son corps souple et athlétique, qu'il réussit à subjuguer les Slavons.

Comme Saint Patrick avait réussi en son temps à expliquer aux Scots la trinité grâce à un simple trèfle, Saint Bob de Risovitch se servit de la boule à fascettes qui ornait magnifiquement la piste de danse de la taverne du bon roi Stanislas pour faire comprendre aux Slavons la toute puissance de l'Esprit Saint.
Après quelques décénies seulement, St Flushomban et St Bob de Risovitch purent contempler leur oeuvre en constatant que Dieu pouvait compter en son troupeau une multitude de blondes brebis.

Alors, St Flushomban constata qu'il avait honnêtement réaliser son voeu, et pleinement oeuvré à la Gloire de Dieu. L'âge aidant, son peuple-qui-vaincra et son pays lui manquaient puissament. Il s'en ouvrit à Saint Âne, qui lui dit que comme lui, il rêvait de revoir l'Armorique, car rien ne remplaçait, à ses yeux, le plaisir d'un bain de mer, sous un soleil de plomb.
"On n'a qu'à y aller, Bob n'a plus besoin de nous, son affaire tourne à merveille!" Confia-t-il un soir à son maître.
Cependant, Saint Bob de Risovitch refusait jusqu'à l'idée de voir partir Flushomban, arguant du fait que son latin était encore hésitant, et qu'il ne pouvait être question de ne prêcher qu'en slavon, avant qu'un pape ne s'assoit sur le trône de St Pierre (et "c'est pas demain la veille", et "qu'est-ce que je ferai sans toi" et "me laisse pas chéri....")
Ordonc, St Âne suggéra à St Flushomban de partir nuitamment. Il manda un géographe de renom, du nom de Copernicovitch, pour qu'on lui indiqua le chemin le plus court pour aller en Armorique. Celui-ci lui fait savoir que, d'après ses savants calculs, la terre était ronde, et qu'il était égal d'aller plein est, ou plein ouest, puisque comme tout le monde le sait maintenant, tous les chemins mènent à l'Armorique.

Aussi, le soir de la St Magloire de l'an de grâce 699, après avoir fait un retentissent discours d'adieu au peuple de Slavonie où St Âne parla au nom de son maître (il parlait un bien meilleur slavon que ce dernier, c'est pourquoi St Flushomban lui avait confié cette lourde tâche), nos deux saints quittèrent ce lieu, qu'on appelle de nos jours Flushgorod.
Saint Bob hésita à les accompagner, mais finalement prit courageusement la décision d'accepter la charge de guider son peuple vers la Grâce, malgré son latin hésitant...  
Donc, ceux qui prétendent que St Flushomban repose à Flushgorod, ceux-là que la jalousie habite, ceux-là qui sont aveuglés par l'envie de partager sa gloire et sa sagesse, ceux-là, donc, mentent à leur peuple et à l'ensemble de la Chrétienté.
Vincent
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Ven Nov 30 2018, 10:07
Oh que c'est une bonne nouvelle. Le saint Poireau est de retour?
Nadriand
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Ven Nov 30 2018, 18:12
Je crois qu'il n'y a pas que le Saint Poireau qui est de retour.

Par ces livres, ce sont des objets sacrés à chercher pour ceux qui auront érigés des monuments religieux ou seront tombés sur le bon évènements aléatoire. Car c'est uniquement dans des lieux de culture que l'on eut savoir ou trouver les reliques.

Le Très Saint Flushomban nous guidera tous dans nos quêtes.
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Dim Déc 16 2018, 16:49
J’annonce qu’après une âpres discussion avec un saint ermite aveugle doué de vision, Fin mac Lorcain part à la recherche du saint poireau ! Il ira jusqu’à piller les blonds slavons s'il le faut a


Dernière édition par lenwelin le Jeu Jan 31 2019, 23:23, édité 1 fois
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Jeu Jan 31 2019, 14:02
Il y a en vérité trois reliques à trouver.

Prière et construction d'une chapelle seraient les bienvenues pour en savoir plus. a
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